Je n’ose. Je suis peu curieux des revenans.
De quoi as-tu peur ?
De tout.
Eh bien ! donne-moi ce flambeau et sors d’ici. Va rejoindre don Juan. (Manrique sort. — À part.) Je n’ai besoin d’aucun témoin de mon malheur. (Il s’approche de la porte qui est à gauche.) Voyons de ce côté.
Non, seigneur…
Lâchez-moi.
Il est inutile, seigneur, que vous entriez… Je vous garantis, je vous atteste qu’il n’y a personne.
Alors, raison de plus pour que j’entre ; ce sera le moyen de rassurer don Juan.
Hélas ! Syrène, que le sort m’est contraire !.. Quelle situation cruelle que la mienne ! Je suis au désespoir, éperdue… Don Lope découvrira sûrement don Louis qui est caché… Le malheureux ! il a cru sortir par la porte qui donne dans ma chambre !… Ah ! sans doute ils se seront rencontrés déjà ! Don Lope l’a vu et lui a parlé… — Si je pouvais fuir encore !… mais non, son ami garde le passage ; et d’ailleurs je n’en aurais pas la force… Que le ciel me soit en aide !
Du courage, madame !
Je ne suis toute que confusion et terreur.
Ne vous couvrez pas ainsi le visage, cavalier.
Abaissez votre épée, seigneur. À la plonger dans le sang d’un homme qui ne se défend pas il y aurait plus de honte que de gloire.
Qui êtes-tous ?