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Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/249

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JOURNÉE II, SCÈNE I.

don fernand.

Je montrerai bientôt à l’Espagne ce que c’est que le bras des Valor.

don alvar.

Je ferai en sorte que l’Espagne pleure l’épée des Tuzani.

don fernand.

Vous m’avez entendu ?

don alvar.

Je pense comme vous.

don fernand.

Maintenant que la langue se taise, le bras seul doit parler.

don alvar.

Le mien est prêt comme le vôtre.



JOURNÉE DEUXIÈME.


Scène I.

le camp de don Juan d’Autriche au pied de l’Alpujarra
Entrent DON JUAN D’AUTRICHE et MENDOCE, suivis d’un grand nombre d’Officiers et de Soldats espagnols.
Bruit de tambours et de trompettes.
don juan.

Montagne rebelle qui par ta hauteur gigantesque, ton âpreté sauvage, ta structure étrange, fatigues de ton poids la terre, rétrécis les airs et sembles menacer les cieux ; infâme repaire de brigands ! dans ton sein se forment des foudres dont le bruit retentira dans tes vallons, et qui iront frapper par-delà les mers les Africains étonnés. Il est enfin venu le jour où doit être châtiée ta trahison ; je parais, et j’amène avec moi ma vengeance. Mon seul regret, c’est de commencer une entreprise dont je ne puis rien attendre pour ma gloire ; car punir de tels ennemis ce n’est pas vaincre, et ce n’est pas un grand honneur pour moi que de soumettre ou d’écraser une troupe de bandits et de voleurs. Ainsi donc les événemens qui vont suivre ne peuvent pas compter dans l’avenir pour ma renommée… Apprenez moi, Mendoce, l’origine de ce soulèvement.

mendoce.

Veuillez, monseigneur, m’accorder votre attention. — Cette chaîne de montagnes que vous voyez devant vous, illustre rejeton de l’aigle d’Autriche, c’est l’Alpujarra, forteresse sauvage, grossier retranchement des Morisques insensés qui voudraient aujourd’hui renouveler, dans un intérêt contraire, la tentative des montagnards astu-