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AIMER APRÈS LA MORT.

cœur d’où le mouvement se transmet à toutes les parties de ce colosse de pierre. Telle est, seigneur, autant que nous avons pu la pénétrer, la situation des choses ; telle est l’Alpujarra, dont les sommets farouches paraissent prêts à se détacher pour se prosterner à vos pieds.

don juan.

Vous avez parlé, don Juan, d’une manière digne des Mendoce et digne de vous, c’est-à-dire de manière à inspirer une double confiance. Mais quel est ce bruit de tambours ?

mendoce.

Ce sont les troupes que l’on passe en revue à mesure qu’elles arrivent au camp.

don juan.

Quelle est celle-ci ?

mendoce.

Ce sont les milices de Grenade et de tous les pays arrosés par le Génil.

don juan.

Qui les commande ?

mendoce.

Le marquis de Mondéjar, comte de Tendilla, et gouverneur perpétuel de l’Alhambra.

don juan.

Son nom seul fait trembler l’Africain. — Quel est cet autre corps ?

mendoce.

Celui des Murciens.

don juan.

Quel est leur chef ?

mendoce.

Le grand Fajardo, le marquis de los Vélez.

don juan.

Ses exploits ont répandu au loin sa renommée.

mendoce.

Cette milice qui arrive, seigneur, c’est celle de Baéza. Elle est sous les ordres d’un guerrier à qui l’on ne pourra jamais élever de statue qui dure autant que sa gloire : c’est don Sanche d’Avila.

don juan.

Pour le louer dignement, il faut dire qu’il est le disciple du duc d’Albe, et qu’il a dérobé à ce grand maître le secret d’être toujours vainqueur.

mendoce.

La troupe qui s’approche est le vieux terce de Flandre, qui, pour faire cette campagne, est venu des bords de la Meuse à ceux du Génil. Il pourrait regretter la belle contrée qu’il a quittée, s’il n’était venu dans une contrée plus belle encore.