droite sur un rocher d’où, depuis des siècles, elle semble toujours prête à tomber, c’est Gabia. À gauche, c’est Berja, dont les tours se confondent avec les rochers au milieu desquels elle est située. Enfin, devant nous est Galère, à laquelle on a sans doute donne ce nom à cause de sa ressemblance avec un vaisseau ; et en effet, à voir la forme de cette ville, et pour peu qu’on laisse aller son imagination, on se figure qu’elle va se mouvoir parmi la verdure et les fleurs.
Il nous faut assiéger l’une de ces deux dernières places.
Allons, et décidons bien vite par laquelle il nous faut commencer. Et puis, vite, la main à l’œuvre. Ici, heureusement, les jambes ne sont pas nécessaires.
Que l’on fasse venir le Morisque qui fut pris l’autre jour, et nous saurons bientôt s’il a dit la vérité. Où est Garcès, à qui je l’ai donné à garder ?
Je ne l’ai pas revu depuis.
Hélas !
Voyez ce que c’est.
C’est moi qui arrive à vos pieds demi-mort.
C’est Garcès.
Que s’est-il passé ?
Daignez, monseigneur, me pardonner ma faute en faveur de l’avis que je viens vous donner.
Parlez.
Ce Morisque que vous me donnâtes à garder avait dit à votre altesse qu’il venait dans le dessein de vous livrer l’Alpujarra. Désireux de connaître le passage et d’y pénétrer le premier, afin de pouvoir vous y servir de guide (c’était là ma seule ambition), je lui ordonnai de m’indiquer ce sentier. Je le suivis seul au milieu de ce labyrinthe de précipices. Mais à peine nous fûmes-nous engagés entre deux haies de rochers, qu’il partit rapidement, poussa un cri, et à ce cri accourut une troupe de Mores, lesquels, comme des chiens qu’ils sont, s’élancèrent tous ensemble sur la proie isolée