Comment donc ?
C’est que si la taille, la tournure et les habits ne me trompent, la voilà qui sort de sa maison.
Oui, c’est bien elle ; mais je ne voudrais pas lui parler si près de sa maison. Va lui dire tout doucement que je l’attends sous ce portail.
J’ai, de la fenêtre, aperçu don Diègue ; et, malgré mes craintes, je vais lui parler. Je n’ai pu refuser cela à ma maîtresse, qui compte sur mon adresse et mon zèle.
À quoi bon ce voile, nymphe traîtresse, si votre tournure vous trahit et dénonce aux passans la perle des femmes[1] ?
Qu’est-ce donc, mon brave Ginès ?
C’est que je boite.
Je le vois ; mais où as-tu attrapé cela ?
En quittant la charmante Inès.
Tu mens, infâme !
Oui, je l’ai attrapé en sautant du balcon en bas ; or, comme en ce moment je venais de te quitter…
Je discuterais ce point avec toi si je n’étais forcée d’aller en commission chez doña Violante ; et je ne voudrais pas que personne de la maison me vît causer ici avec un drôle de ton espèce.
Bien ! fort bien ! mais d’abord, un mot à mon maître, qui t’attend à deux pas, et puis nous te laissons partir.
Ce serait encore pis. Si ma maîtresse savait que je lui eusse parlé, elle me tuerait.
Et pourquoi donc, Inès ?
- ↑ Littéralement : « Le chou-fleur des femmes. »