Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
LE SECRET À HAUTE VOIX.

la duchesse.

Je vous comprends encore moins.

fabio.

Avez-vous donc eu peur, madame, que ce que je vous avais dit de mon maître ne vînt à tourner à l’aigre, si vous l’aviez gardé une heure de plus sur le cœur ?

la duchesse.

Et à qui donc l’ai-je confié ?

fabio.

À personne, sans doute, excepté à lui ; car aussitôt que vous avez été partie, il est tombé sur moi d’une belle manière, et si l’on ne l’eût retenu, infailliblement il me tuait.

la duchesse.

Pourquoi cela ?

fabio.

Eh ! mon Dieu, parce que votre altesse a jasé.

la duchesse.

Et comment aurais-je pu le lui dire, puisque je ne lui ai pas parlé ?

fabio.

Eh bien, si ce n’est pas vous, c’est le diable ; c’est certain. Aussi j’aurais eu encore du nouveau à vous conter, mais je ne m’y hasarde plus.

la duchesse.

Dis-moi ce qui s’est passé.

fabio.

Je ne sais rien.

la duchesse.

A-t-il reçu une lettre ?

fabio.

Je ne sais rien.

la duchesse.

Où est-il allé ?

fabio.

Je ne sais rien.

la duchesse.

Est-il venu quelqu’un qui lui ait parlé en secret ?

fabio.

Je ne sais rien.

la duchesse.

Tu me donnerais presque à penser que tu te repens de me servir, et que tu es plus dévoué à Frédéric qu’à moi.

fabio.

Ce n’est pas cela.

la duchesse.

Qu’est-ce donc ?