Eh bien ! Fabio, qu’en dis-tu ? N’est-il pas singulier qu’au moment où je m’attends à trouver la duchesse irritée contre moi, je la trouve, au contraire, mieux disposée que jamais ?
C’est comme moi, qui vous trouve en colère quand je croyais vous trouver content. Mais, quant à elle, j’en sais le motif.
Dis-le donc.
C’est le macarandon avec lequel vous l’avez comparée au soleil.
Laissons là ces mauvaises plaisanteries, et hâte-toi de me préparer deux chevaux.
C’est fort bien vu. En effet, à présent que vous avez chanté à Macarandon, il faut chanter à Agéré.
Tais-toi, et n’oublie pas, ce soir, de te trouver avec les chevaux à la sortie du parc. (À part.) Belle Flérida, que votre fierté me pardonne. À cela s’expose une femme qui se déclare à un homme qu’elle sait en aimer une autre.
Eh quoi ! aujourd’hui que j’aurais plus à parler que jamais, je parlerais moins qu’à l’ordinaire ! Non, non, ce serait pitoyable, ce serait affreux de laisser se moisir dans mon cœur un secret qui ensuite ne serait plus utile à personne ; et comme dit le Cordouan, un secret qu’on garde, crève dans la poitrine, sent mauvais et fait mal[1]. Allons trouver la duchesse. Mais non, la voici.
Bien que j’aie toute confiance en Laura, je l’ai laissée de l’autre côté, pour suivre seule cette victoire tant disputée d’un cruel amour. (Haut.) Eh quoi ! Frédéric n’est plus ici ?
Vous voulez savoir, madame, pourquoi il n’est plus ici ?
Oui. 11
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Voici le texte de ce passage, dont il est impossible de donner une traduction littérale :
Que corrompida la vena,
Como dixo el Cordovès,
Del secreto, hecha sécréta,
Huele mal, y no hace bien.Maintenant, par ces mots le Cordouan, qui est-ce que Calderon a voulu désigner ? Nous soupçonnons que ce serait le poëte Gongora, qui était de Cordoue.