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JOURNÉE III, SCÈNE III.


henri.

Je ne puis vous comprendre ; mais n’importe ; adieu.

On frappe à la porte.
frédéric.

N’a-t-on pas frappé ?

henri.

Oui.

frédéric, ouvrant.

Qui est-ce ?


Entre ARNESTO.
arnesto.

C’est moi.

frédéric.

Comment, seigneur, vous sortez à pareille heure ?

arnesto.

Oui, je viens vous chercher.

frédéric.

Moi ? Que me voulez-vous ? (À part.) Je tremble !

arnesto.

On m’a dit que vous étiez venu chez moi un peu souffrant ; cela m’a inquiété, car vous savez combien je suis votre serviteur ; je n’ai pas voulu me retirer sans vous voir, et sans savoir comment vous allez.

frédéric.

Que le ciel m’acquitte envers vous pour cette démarche si bienveillante ! mais on vous a trompé en vous disant que j’étais indisposé ; jamais je ne me suis mieux porté, je vous jure.

arnesto.

Je me félicite d’être venu et de voir qu’on s’était trompé. Et que faisiez-vous là ? De quoi vous occupiez-vous ?

frédéric.

Je m’amusais à passer le temps avec le seigneur Henri, en causant de choses et d’autres.

arnesto.

La conversation d’un ami sage et spirituel vaut mieux que tous les livres du monde ; elle instruit et elle amuse.

frédéric, à part.

Voilà un début qui m’effraye.

henri, à part.

J’ai envie de couper court à l’entrevue, en me retirant. De cette façon il aura moins à parler. (À Arnesto.) Vous permettez que je prenne congé ?

arnesto.

Eh quoi ! parce que j’arrive, vous partez ?

henri.

Oui et non. — Non, car je voulais déjà m’en aller avant que de