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L’ESPRIT FOLLET.

prochez, mon frère : deux gentilshommes qui ont combattu loyalement, et qui ont mutuellement éprouvé leur vaillance, n’en sont que plus amis.

don manuel.

La valeur que j’ai vue au seigneur don Louis me ferait seule un devoir de lui offrir mes services.

don louis.

Je me dis votre ami… honteux seulement de ne vous avoir pas reconnu, puisque votre courage vous désignait à moi.

don manuel.

Vous m’avez donné une bonne leçon… J’ai attrapé à la main une blessure.

don louis.

J’aimerais mieux mille fois être blessé moi-même.

cosme.

Voilà une querelle entre gens bien appris !

don juan.

Venez donc chez moi sans retard. — Vous, don Louis, veuillez rester ici jusqu’à ce que doña Béatrix soit montée en carrosse, et vous m’excuserez auprès d’elle. — Venez, seigneur, à ma maison, ou plutôt dans la vôtre, afin que nous puissions vous soigner.

don manuel.

Ce n’est rien.

don juan.

Venez vite.

don manuel, à part.

Quel mauvais augure pour moi, d’être blessé le jour même de mon arrivée à Madrid !

don louis, à part.

Quel ennui je ressens, qu’il m’ait été impossible de savoir quelle était cette dame !

cosme.

Mon maître emporte ce qu’il a mérité, pour se faire le don Quichotte de la première venue.

Don Juan, don Manuel et Cosme sortent.
don louis.

L’orage est passé, madame. Remettez vos esprits, et que les fleurs charmantes qui embellissent votre visage y renaissent de nouveau avec la joie.

béatrix.

Où est allé don Juan ?

don louis.

Il vous prie de lui pardonner. Des obligations pressantes l’ont rappelé chez lui, où il accompagne un ami blessé dans un combat.

béatrix.

Ô mon Dieu ! que dites-vous ? don Juan blessé ?