Ce ne serait encore rien que d’aller au palais. Mais j’ai bien une autre course. Sa Majesté se rend ce soir à l’Escurial, et il est important que je m’y trouve avec mes dépêches.
Si je puis vous être bon à quelque chose, vous êtes libre, vous le savez, de disposer de moi.
Mille remercîments pour tant de bonté.
Ce n’est pas un vain compliment de ma part.
C’est uniquement, je le vois, désir de contribuer à mon succès.
Assurément. (À part.) Je voudrais en hâter le moment.
Mais je ne veux pas enlèver à ses plaisirs un galant cavalier tel que vous. Vous aurez, je suis sûr, quelque affaire plus agréable, et ce serait mal à moi de vous en éloigner.
Vous ne parleriez pas de la sorte si vous eussiez entendu ce que je disais à Rodrigue.
Je n’ai donc pas bien rencontré ?
La vérité est que je déplorais la rigueur d’une beauté qui ne redouterait pas mon absence.
Vous n’êtes pas si dépourvu.
J’aime une beauté qui n’a pour moi que dédain
Vous dissimulez, je crois.
Plût au ciel ! Mais je suis né si malheureux, que cette beauté me fuit, comme la lumière brillante du soleil fuit devant la nuit. Figurez-vous mon malheur : afin que je ne puisse point la suivre, elle a demandé à une personne d’arrêter mes pas. Vous le voyez, il n’y a point d’infortune qui égale la mienne, puisque tout le monde cherche des tiers pour se réunir à l’objet aimé, et qu’elle en cherche pour m’éviter.
Il ne pouvait pas s’expliquer plus clairement !… Une femme qui