est ce personnage que je vois entrer dans le palais, accompagné d’une suite si nombreuse ?… C’est don Mendo, mon vieil ami… Je serais, hélas ! tenté de l’éviter plutôt que de me laisser voir par lui en cet état, à tel point j’en ai honte ! mais comme il doit demeurer dans ma maison, il me serait malaisé de ne pas me rencontrer tôt ou tard avec lui… Toutefois ce n’est pas le moment de lui parler ; car le roi a, sans doute, appris son arrivée, et le voici qui revient dans la salle d’audience.
Permettez, invincible seigneur, que je baise vos pieds mille et mille fois.
Don Mendo, levez vous… levez-vous, grand justicier d’Aragon.
Je vous baise la main, sire, et cette main puissante m’est nécessaire pour que je puisse me lever avec le fardeau pesant dont vous venez de me charger… Que le ciel vous donne longue vie !
Comment vous trouvez-vous ?
Comme un homme qui vient de recevoir de vous la plus haute marque d’honneur.
Vous devez être fatigué, don Mendo ; allez vous reposer. Demain matin vous viendrez me parler, et là, étant tous deux seuls, je vous dirai dans quel but je vous ai appelé à la cour. J’ai beaucoup de choses à vous confier.
À vous, sire, mon âme et ma vie ; je les mets l’une et l’autre à vos pieds, et ne les emploierai jamais mieux qu’à votre service.
Si un homme noble se rappelle toujours ses anciennes affections, recevez, don Mendo, le salut de don Lope de Urrèa.
Il me serait difficile de ne pas me rappeler toutes les obligations que je dois à votre amitié.
Je vous baise les mains, seigneur et pour cela j’ai deux motifs : d’abord, à cause de votre bienvenue, heureux que vous habitiez ma maison, où doña Blanca et moi nous nous empresserons à vous servir ; et ensuite, parce que maintenant que vous voilà grand justicier d’Aragon, je me mets au nombre de vos solliciteurs.