vous seul, don Mendo, vous m’avez inspiré plus de crainte par une seule de vos paroles que n’ont fait tous ceux-là avec leurs armes.
Ce que je veux, c’est que vous rendiez votre épée, et que, renonçant à vous défendre, vous vous rendiez prisonnier.
Moi ?
Oui.
Cela est difficile.
Je vous promets en récompense…
Je vous crois, seigneur, mais je ne puis y consentir, je ne puis céder à la crainte.
Barbare, insensé, que prétends-tu faire ?
Mourir en tuant[1]… Mais c’est en vain que j’y suis résolu ; je ne saurais me défendre contre vous ; car à vous entendre je tremble, et à vous regarder je frémis et sens couler mes larmes. Si je veux lever mon épée contre vous, le ciel s’obscurcit à mes yeux, et la terre se dérobe sous moi.
Tel est le propre effet de la justice, à qui Dieu a donné le pouvoir de porter la terreur au cœur du criminel.
Ce n’est pas cela, seigneur ; non, ce n’est pas cela ! car, bien que je me reconnaisse coupable, je pourrais cependant, comme un chien enragé qu’on a blessé, mettre en pièces tous vos hommes d’armes. C’est vous, c’est vous seul qui m’inspirez de la crainte et du respect. Et c’est pourquoi, prosterné devant vous, je mets à vos pieds cette épée terrible, qui est rougie de sang depuis la poignée jusqu’à la pointe, et moi même je me prosterne humblement à vos genoux.
Lève-toi, don Lope ; le ciel m’est témoin que dans une si cruelle extrémité, toi étant l’accusé et moi étant le juge, il me serait doux de changer avec toi, et que je souffrirais moins de ton péril que de ma douleur. Mais ne crains rien en me voyant aussi sévère à ton égard ; il faut bien que je paraisse partager la colère du roi.
Est-ce que le roi sait déjà quelque chose de moi ?
- ↑
Que intentas ?
Morir matando,