Votre propre père lui a demandé justice contre vous.
Laissez-moi reprendre mon épée.
Je la tiens, et vous ne me la reprendrez pas.
Ô ciel ! en voyant cette épée dans vos mains, je tremble, et tout mon corps frémit comme en ce jour où je vous donnai mon poignard. D’où vient cette crainte ? d’où vient cet effroi que vous m’inspirez ? comment puis-je éprouver un tel sentiment, moi qui, je l’avoue, frapperais encore mon père s’il me donnait encore un démenti
Holà !
Seigneur ?
Couvrez don Lope d’un manteau de manière à lui cacher le visage, et conduisez-le ainsi au cachot. (À un autre.) Vous, écoutez.
Qu’ordonnez-vous ?
Afin qu’il y ait moins d’émotion et de tumulte, faites-le entrer par la poterne de ma maison, laquelle donne sur la campagne, sans lui dire où il est, et faites que l’on soigne sa blessure, pendant que j’instruis le roi de son arrestation. — (À part.) Quelle douleur, quelle colère et quelle angoisse se sont emparées de mon âme, et la bouleversent et la déchirent !
Scène II.
Je suis impatient de savoir si don Mendo a exécuté mes ordres ; et je n’aurai point de repos qu’il ne soit arrivé… Il ne sera pas dit qu’un fils insolent et cruel ait ainsi offensé son père sans que mon pouvoir le châtie. L’Aragon verra aujourd’hui comment ma justice inflexible punit tant d’orgueil et de malice. Cela importe au bien de mon royaume ; et vive Dieu ! ce jour décidera si je suis don Pèdre ou non. — Mais voici venir don Mendo.
Que votre majesté, sire, me permette de baiser sa main.