Tout beau ! s’il vous plaît. Que je ne vous dérange pas. Oh ! vous ne m’abuserez pas avec votre air hypocrite. Je vous ai vu, vu de mes yeux ; et c’est le cas d’appliquer le proverbe : « Qu’un autre mette mon soulier, j’irai nu-pieds. »
Je suis une suivante de bonne maison, et je ne me chausse pas de vieux, et surtout chez vous, ma belle, qui avez une jambe et un pied de bois.
Je suis perdu.
Que voulez-vous dire ? Est-ce que, par hasard, je serais la fille du corsaire Pied-de-bois[1] ?
Il y a quelque chose comme cela.
Voilà qui va mal.
J’aurais déjà puni cette injure, si je ne savais bien qu’alors même que j’arracherais votre chignon vous n’en souffririez pas davantage.
Bon ! voilà l’autre.
Est-ce que par aventure j’ai des cheveux postiches comme votre œil gauche, qui est de verre ?
Plaît-il ?
Je suis perdu. (Haut.) Allons, voyons, ne vous disputez pas ainsi.
Comment donc ? Dans tous les cas je puis, moi, lui montrer les dents.
Je le sais bien, et en nombre ; car, bien que vous ne soyez plus un enfant, vous en avez de rechange.
Quoi ! ces dents sont de fausses dents ?
Quoi ! cet œil est un œil de verre ?
Quoi ! ces cheveux sont des cheveux d’emprunt ?
Quoi ! cette jambe est une jambe de bois ?
- ↑ Ce corsaire Pied-de-bois était probablement un corsaire d’Alger ou de Tunis, du seizième ou du dix-septième siècle.