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JOURNÉE III, SCÈNE VII.

doña violante.

Qu’importe ! Je ne te demande point de conseil, ne m’en donne pas. Approche, et ouvre cette porte.

elvire.

J’obéis, malgré mon effroi… Mais j’entends du monde en dedans.

doña violante.

Eh bien, avant que d’ouvrir, écoute pour voir s’il n’y a personne. Peut-être quelqu’un sera-t-il entré par l’autre porte, et il ne faudrait pas faire manquer nous-mêmes notre entreprise. Applique ton oreille contre la serrure de la porte, et tâche d’entendre.

elvire.

Je ne puis rien entendre, tant on parle à voix basse ; il m’arrive un bruit confus de voix, mais je ne puis distinguer les paroles.

doña violante.

Ôte-toi, et laisse-moi me mettre à ta place… Je n’entends, non plus que loi, rien de ce que l’on dit, mais c’en est assez pour ne pas ouvrir. Il doit y avoir beaucoup de monde.

elvire.

C’est ce qu’il m’a paru.


Entre MENDO.
don mendo.

Malheureux que je suis !

doña violante.

Qu’avez-vous, seigneur ?

don mendo.

Je ne sais… Mais, hélas ! bien au contraire, je ne le sais que trop ; et auprès de qui pourrai-je me consoler de mes chagrins, si ce n’est auprès de toi ? Ah ! si tu connaissais mes ennuis… Écoute : don Lope n’est point le fils de Blanca… Il est mon fils… il est ton frère ?

doña violante.

Que dites-vous ?… Que le ciel me protège !

don mendo.

Et je viens résolu à perdre et la faveur du roi, et l’honneur et la vie, tout, enfin, pour lui rendre la liberté.

doña violante.

Je ne savais pas ce que vous venez de m’apprendre, et ses malheurs avaient excité en moi la même pitié maintenant que le bruit a cessé dans la chambre voisine, je vais ouvrir.

don mendo.

Marche doucement.

don lope, du dehors.

Ah ! malheureux !