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LES TROIS CHÂTIMENTS EN UN SEUL.

don mendo.

Quel douloureux gémissement !

doña violante.

Il m’a troublée à tel point, que je ne puis ouvrir.

don lope, du dehors.

Jésus ! Jésus !

don mendo.

Donne la clef. Malgré l’émotion que j’ai ressentie à cette voix, j’ouvrirai.

doña violante.

Prenez ; car pour moi, je suis plus morte que vive.

Au moment où don Mendo prend la clef, on frappe aux deux portes qui sont de chaque côté du théâtre.
don mendo.

On a frappé en même temps à ces deux portes.

doña violante.

Qui sera-ce ? Le ciel me soit en aide !

don mendo.

Pendant que j’ouvre de ce côté, ouvrez l’autre porte.


DON MENDO et DOÑA VIOLANTE ouvrent en même temps les deux portes ; et par la porte que doña Violante a ouverte, entrent BLANCA et BÉATRIX, et de l’autre côté, entrent LOPE DE URRÈA et VICENTE.
urrèa.

Don Mendo, le roi m’a renvoyé vers vous afin que vous me disiez le jugement rendu sur ma plainte.

doña blanca.

Pour moi, doña Violante, je viens me consoler de mes peines auprès de vous.

vicente.

Et moi, pour savoir ce qui se passe, je vais partout où va la foule.

don mendo.

Le roi, Lope, ne m’a remis aucun jugement.

doña violante.

Il me serait difficile, Blanca, de vous donner les consolations dont j’ai moi-même besoin.

don mendo.

Mais peut-être trouverons-nous le jugement dans cette pièce où est enfermé don Lope. Il ouvre la porte qui est au milieu du théâtre, et l’on voit don Lope dans l’attitude d’un criminel à qui l’on a donné le garrot[1], tenant un papier à la main, et ayant de chaque côté une rangée de flambeaux allumés.) Que vois-je ?

doña blanca.

Ô ciel !

  1. Nous avons déjà dit ce que c’était que le supplice du garrot. Voyez l’Alcade de Zalaméa, t. I de notre traduction de Calderon, vers la fin.