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NOTICE.

Après avoir lu ce rapide exposé, on reconnaîtra sans peine les points essentiels dans lesquels le poëte espagnol a suivi ou altéré l’histoire… On reconnaîtra aussi, sans qu’il soit besoin de les indiquer, les anachronismes, les fautes de géographie qui se rencontrent çà et là dans cette comédie historique. Jamais Calderon n’a usé plus largement de la permission qu’on accorde aux poëtes de tout oser.

La partie la plus remarquable de la pièce, ou, pour mieux parler, toute la pièce, c’est le rôle de don Fernand. Calderon, avec un génie et un art merveilleux, a fait de l’infant prisonnier un Régulus chrétien. Nous sera-t-il même permis de l’avouer ? Une fois l’invention du poëte admise comme historique, l’infant de Portugal nous paraît plus grand, plus noble, plus digne d’admiration et de sympathie que le général romain : car il est beau de mourir pour sa patrie (et certes cela est beau, et nous sommes loin de vouloir refroidir les dévouements civiques), il est encore plus beau, selon nous, de mourir pour sa religion et pour sa foi.

Peut-être ne serait-il pas sans intérêt, au point de vue de l’art, de comparer le Prince constant et le Philoctète de la tragédie grecque ; mais les bornes étroites de cette notice nous interdisent d’essayer ici cette étude.

Le Prince constant a été traduit en allemand par le grand critique W. Schlegel, et ce drame a obtenu beaucoup de succès sur tous les théâtres de l’Allemagne.