sommes-nous point tous deux grands maîtres, tous deux infants ? et pour ne pas connaître la crainte, ne suffit-il pas que nous soyons tons deux Portugais ? Répétons nos cris de guerre, Avis et Christ ! et mourons pour la foi, puisque nous sommes venus mourir pour elle.
Nous n’avons pas bien choisi le lieu du débarquement.
Ce n’est plus le moment de nous occuper du passé. Maintenant, c’est à notre bras, à notre épée de nous défendre. Et puisque nous voilà pressés entre deux armées, combattons… Avis et Christ !
Guerre ! guerre !
Nous voilà dans de beaux draps, enveloppés par deux armées ! Il n’y a pas moyen d’échapper… Ah ! si la voûte azurée des cieux voulait bien m’ouvrir une petite fente, pour que celui-là du moins pût se mettre en sûreté, qui est venu ici sans savoir ni pourquoi ni comment !… Mais je vais faire un moment le mort, — et puisse ce temps m’être compté en déduction de la mort réelle.
Qui ose se défendre ainsi contre mon bras ?
Un homme qui ne cessera de combattre qu’en tombant mort sur les corps de ces chrétiens. — D’ailleurs ma vaillance doit le dire qui je suis.
Le ciel le protège !… Il n’y va pas de main morte.
Je ne suis pas affligé, noble Portugais, de trouver en toi tant de force et de courage. Je voudrais, s’il m’était possible, vous donner la victoire.
Hélas ! que de malheurs ! Errant au hasard, je foule de tous côtés les cadavres de mes compatriotes.