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JOURNÉE II, SCÈNE II.

don henri.

Ils le feront ; et si je le laisse dans cette misère, sans la partager, c’est parce que j’espère revenir bientôt, avec de plus grandes forces, le délivrer d’esclavage.

Il sort.
le roi.

Qu’il essaye s’il peut !

muley, à part.

Maintenant l’occasion est venue de montrer ma loyauté. Je dois la vie à Fernand, et je veux acquitter ma dette.

Il sort.

Scène II.

Le jardin du Roi.
Entrent SÉLIM et DON FERNAND.
sélim.

Le roi a ordonné qu’on te fasse travailler dans ce jardin. Tu dois lui obéir.

don fernand.

Ma patience égale au moins sa sévérité.


Entrent des CAPTIFS.
premier captif, chantant.

À la conquête de Tanger,
Contre le tyran de Fez,
L’infant don Fernand
A été envoyé par le roi son frère.

don fernand.

Sans cesse ma déplorable histoire occupera la mémoire des hommes !… Je suis triste et troublé.

deuxième captif.

Allons, captifs, à quoi pensez-vous ? Ne pleurez pas, soyez sans inquiétude… Le grand maître nous a dit, il y a peu de temps, que nous retournerions tous en liberté dans notre patrie. Aucun Portugais ne doit demeurer ici.

don fernand.

Hélas ! vous serez bientôt désabusés !

deuxième captif.

Oubliez vos chagrins, et aidez-moi à arroser ces fleurs. Prenez les seaux, et vous m’apporterez de l’eau de ce bassin.

don fernand.

Il faut obéir. (Haut.) En me demandant de l’eau, vous m’avez donné l’emploi qui me convient… (À part.) Mes yeux, au besoin, m’en fourniraient assez.

Il sort.
troisième captif.

Voici d’autres esclaves qu’on amène dans ce bagne.