Informons-nous soigneusement si c’est dans ce jardin qu’on l’a conduit, et si ces esclaves l’ont vu. Notre douleur serait allégée, et nous aurions quelque consolation si nous trouvions être auprès de lui. (À un Captif.) Dis-moi, l’ami, — et que le ciel te garde ! — dis-moi, as-tu vu travailler dans ce jardin le grand maître don Fernand ?
Non, l’ami, je ne l’ai pas vu.
J’ai peine à retenir mes larmes.
On a ouvert le bagne, et l’on y a envoyé d’autres captifs.
Ne soyez pas étonnés, mortels, de voir un grand maître d’Avis, un infant, dans une position si humiliante ! Tels sont les changements que le temps amène.
Quoi, seigneur ! votre altesse dans une situation si misérable ! mon cœur se brise de douleur.
Dieu te pardonne, don Juan !… Tu m’as fait beaucoup de peine en me découvrant. J’aurais voulu me cacher et passer les tristes jours d’esclavage inconnu au milieu de mes compatriotes.
Daignez, seigneur, me pardonner ma folie conduite envers vous.
Permettez nous d’embrasser vos genoux.
Que votre altesse…
Il n’y a plus d’altesse dans une telle misère. Je ne suis qu’un pauvre esclave comme vous. Traitez-moi tous comme votre égal.
Ah ! plût au ciel de lancer contre moi sa foudre !
Don Juan, ce n’est pas ainsi que doit se plaindre un homme noble. Pourquoi n’avoir pas confiance en Dieu ? Courage, ami ; ici comme dans les combats, tu dois montrer ta prudence et ta valeur.
Ma maîtresse Fénix va venir au jardin. Elle désire que vous embellissiez cette corbeille de fleurs aux couleurs variées.