Pour moi, je crois tout ; et puisqu’il s’agit de la cause de Dieu, ne crions plus guerre, mais victoire !
Scène IV.
Barbare, réjouis-toi maintenant d’avoir terminé par ta cruauté la vie la plus innocente.
Qui es-tu ?
Un homme qui, dût-il périr cent fois, n’abandonnera jamais don Fernand. Oui, malgré la douleur qui m’accable, comme le chien fidèle, je ne l’abandonnerai pas même après la mort.
Chrétiens, cet exemple enseignera aux âges futurs quelle est ma justice ; car on ne nommera point cruauté la vengeance que j’ai tirée de l’injure faite à ma personne royale. Qu’Alphonse vienne à présent ! qu’il vienne le retirer de l’esclavage !… Sans doute je ne puis plus nourrir l’espérance de ravoir Ceuta ; mais je me réjouis de voir l’infant dans ce cachot étroit d’où nul ne pourra l’arracher. D’ailleurs la mort même ne le mettra pas à l’abri de ma vengeance ; je veux qu’il demeure là honteusement exposé à la vue des passants.
Tu recevras bientôt ton châtiment. Déjà je découvre d’ici, sur la terre et sur les ondes, les étendards chrétiens.
Montons sur la tour pour voir si ce qu’il annonce est vrai.
Les bannières abaissées, les tambours drapés, les mèches des arquebuses éteintes… partout je vois des signes de deuil.
Au milieu de l’obscurité de la nuit, je t’ai guidé par des sentiers inconnus aux humains ; et voici que le soleil dissipe les ténèbres. Je t’ai conduit victorieux, grand Alphonse, jusqu’aux murs de Fez ; les voilà : traite de ma rançon.
Holà ! gens du rempart, avertissez le roi que je veux lui parler.