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LE PRINCE CONSTANT.

le roi.

Qu’entends-je ? Que dis-tu, invincible Alphonse ?

alphonse.

Fais-le descendre par ces captifs.

fénix.

Je suis le prix d’un cadavre. La prophétie s’est accomplie.

le roi.

Descendez le cercueil du haut du mur. Je vais me jeter aux pieds du vainqueur pour en faire moi-même la remise.

On descend le cercueil le long du mur avec des cordes.
alphonse.

Je vous reçois dans mes bras, grand prince, divin martyr

don henri.

Ô mon frère ! je t’offre mon triste hommage.


Entrent LE ROI, DON JUAN et les Captifs.
le roi.

Généreux Alphonse, permettez que je baise votre main royale.

alphonse.

C’est donc là, don Juan, le compte que vous me rendez de l’infant ?

don juan.

Je ne l’ai jamais quitté depuis qu’il fut fait prisonnier, jusqu’au moment où il recoure la liberté. Soit pendant sa vie, soit depuis sa mort, je suis toujours resté près de lui. — Regardez-le dans son cercueil.

alphonse.

Donnez-moi, mon oncle, votre main. — Je suis arrivé trop tard, ô mon noble seigneur ! pour vous arracher à la situation où vous avez succombé ; mais je n’en montrerai pas moins au monde mon affection et mon respect pour vous : vos reliques bienheureuses seront pieusement déposées dans un temple magnifique. (Au Roi.) Je te remets Fénix et Tarudant ; et instruit de la conduite de Muley envers l’infant, je te demande pour lui ta fille. Maintenant, captifs, approchez… Voilà votre infant… portez le honorablement jusqu’à la flotte.

le roi.

Ils peuvent tous l’accompagner jusqu’en Portugal.

alphonse.

Qu’au son des douces trompettes l’armée marche en ordre, en formant un convoi funèbre. (Au public.) Et en vous priant de lui pardonner toutes ses fautes, l’auteur termine ainsi don Fernand de Portugal, le prince constant dans la foi.


FIN DU PRINCE CONSTANT.