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LE SCHISME D’ANGLETERRE.

l’infante.

Cela va nous divertir.

pasquin.

Et d’abord, pour commencer, mademoiselle, je vous dirai que vous m’avez la mine d’une franche scélérate. Vous affectez vainement de déguiser vos sentiments sous l’apparence de la gravité et du dédain : vous êtes entrée au palais le cœur plein de joie. Plaise à Dieu que ce soit pour votre bien… Mais oui… je vois que vous y serez très-aimée, très-recherchée, très-honorée. Oui ; votre faveur sera si grande, qu’un moment, vous commanderez à l’Angleterre… Puis on vous verra mourir en un lieu élevé.

anne, à la Reine.

J’écoute ses folies comme un heureux présage. Et, en effet, étant votre créature, je suis placée si haut, que je me vois dans la région du soleil.

la reine.

Vous méritez plus d’honneur encore. — Jamais l’affection ne s’arrête, jamais elle ne perd entièrement courage. — Ce qui me fait parler ainsi, c’est que je n’ai pas encore vu d’aujourd’hui le roi, monseigneur… Il faut que j’entre chez lui pour m’informer de sa santé.

charles.

Qu’elle est belle !

boleyn.

Qu’elle est charmante !

Thomas Boleyn, Charles, Denis et le Capitaine sortent.
pasquin, à part.

La demoiselle a vraiment beaucoup d’esprit !

la reine.

Que fait Henri ?


Entre WOLSEY.
wolsey.

Madame, le roi est à écrire dans son appartement ; et comme il a donné l’ordre qu’on ne le laissât déranger par qui que ce soit, — votre majesté ne peut entrer.

la reine.

Me connaissez-vous ?

wolsey.

Oui, madame, vous êtes ma reine. Rien ne peut empêcher de reconnaître votre majesté.

la reine.

Comment donc alors, Wolsey, avez-vous l’audace d’arrêter mes pas ?

wolsey.

Je me conforme, madame, aux ordres du roi.

la reine.

Insensé et orgueilleux, rendez grâces à votre titre de prince de l’Église. Cette pourpre que vous avez obtenue, vous fils d’un bou-