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La postérité verroit-elle sur les mêmes tables gravées, tantôt par une main avilie et perfide, tantôt par une main fidèle et libre, les crimes honorés des rois et l’exécration à laquelle ils sont voués aujourd’hui ; les fourberies, l’imposture long-temps révérées de quelques hypocrites, et l’opprobre qui poursuit enfin ces infâmes et astucieux confidens de la corruption, et du brigandage des cours ? Non : l’ère vulgaire fut l’ère de la cruauté du mensonge, de la perfidie et de l’esclavage elle a fini avec la royauté source de tous nos maux.

La révolution a retrempé l’âme des Français ; chaque jour elle les forme aux vertus républicaines. Le temps ouvre un nouveau livre à l’histoire : et dans sa marche nouvelle, majestueuse et simple comme l’égalité, il doit graver d’un burin neuf et pur les annales de la France régénérée.

Tous les peuples qui ont occupé l’histoire, ont choisi dans leurs propres annales l’événement le plut saillant pour y rapporter tous les autres, comme à une époque fixe.

Les Tyriens datoient du recouvrement de leur liberté.

Les Romains, de la fondation de Rome.

Les Français datent de la fondation de la liberté et de l’égalité.

La révolution française, féconde, énergique dans ses moyens, vaste, sublime dans ses résultats, formera pour l’historien pour le philosophe, une de ces grandes époques qui sont placées comme autant de fanaux sur la route éternelle des siècles.