Page:Calendrier de la République française, 1793.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14

Cette réforme supposait l’année cent soixante-cinq jours et six heures, de onze minutes onze secondes plus longue qu’elle n’est réellement.

En 1582, cette erreur avoit produit par sa cumulation un nouveau dérangement dans l’année. Grégoire XIII, alors pontife, entreprit avec des astronomes une nouvelle réforme ; il ôta dix jours au mois d’octobre de cette année et ordonna que sur quatre années séculaires une seule seroit bissextile. L’erreur de la computation julienne avoit réellement produit un dérangement de plus de douze jours ; mais les astronomes qui dirigèrent cette réforme supposoient l’année plus longue de vingt-trois secondes qu’elle n’est réellement.[1]

Cette réforme de Grégoire a été cependant adoptée successivement par toute l’Europe, excepté la Russie et la Turquie. Les Grisons ne voulaient que cinq jours de correction ; ils craignoient de compromettre l’honneur du protestantisme en condescendant à adopter la correction toute entière proposée par la cour de Rome.

Aujourd’hui beaucoup plus éclairé on sent l’inutilité de ces réformes préparées à l’avance pour plusieurs siècles, et qui ont fait le désespoir des chronologistes, des historiens et des astronomes.

  1. Il faut une période de 86 400 ans, pour que la différence exacte de l’année solaire à l’année civile ordinaire fasse un nombre de jours sans fraction. Ce nombre est de 20 929 ; c’est celui des jours intercalaires où des années bissextiles qui doivent réellement avoir lieu pendant cette longue période. Or la réforme julienne donne 22 350 bissextiles et la réforme grégorienne en donne 21 679 ; toutes les deux s’écartent de la vérité ; la première de 1 421 jours, la seconde de 750.