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Page:Calloch - A Genoux.djvu/218

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Il n’y a pas encore trace de soleil, bien qu’il se soit réveillé une demi-heure avant nous. La première chose que j’aperçois, c’est le château de Pierrefonds, qui dresse ses tours au milieu des myrtilles, comme une vision des âges morts. De chacun de ses côtés, des bois, et encore des bois, s’étendent, inclinés dans les myrtilles eux aussi. Combien doux est ce matin…

Et je pense que c’est pour garder aux fils de nos fils des horizons comme celui-ci que nous allons nous autres vers la pluie de plomb, pour la terre, pour les arbres, pour le château. C’est la douceur des matins de France que nous défendons chaque matin de cette guerre. Car les barbares du pays boche ne sauraient qu’en faire : sur le château vite abattu, ils installeraient une usine quelconque ; et dans ce bois que nous a donné Dieu, on n’entendrait plus que le bruit sauvage des roues ou des marteaux, au lieu du chant des oiseaux bénis. Soldat de mon pays, tu ne sais pas combien grand tu es : tu luttes pour que la Beauté ne meure pas.