Page:Calloch - A Genoux.djvu/229

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mousse. Tout le sol, autour de moi, est couvert de feuilles mortes, — les feuilles des autres années, car les branches de ces hêtres sont encore vertes. Cela me fait mal au cœur d’entendre les grands arbres tomber, en se heurtant contre la terre, avec un bruit semblable au sanglot d’un géant. Ils sont si forts, si droits, si beaux, les hêtres de ma forêt ! Jusques à quand, donc, ô mon Dieu, continuera-t-elle cette guerre de couper les racines de la vie dans les bois, les maisons, partout ? C’est grand pitié de voir tomber un homme ou un arbre dans toute sa force… Je prends ma tête entre mes mains, et pour parvenir à oublier les ravages que l’on fait ici, je songe.

Mon Dieu, dans mon cœur aussi il y a des ravages. Tout à coup, il me semble que les feuilles jaunies commencent à tourbillonner autour de moi. Une danse lente, une danse triste, sous la brise d’un été près de sa tombe. Je les regarde, et les voilà, les feuilles desséchées, qui prennent des visages que je connais.