Page:Calloch - A Genoux.djvu/230

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« Ô toi, dis-je à une, j’ai souvenance de toi. N’es-tu pas cet amour que j’avais et qui fleurissait si fort, il y a longtemps, longtemps, et qui est mort ? Et celle qui est derrière toi, je connais aussi son nom. Celle-là, c’est la croyance que j’avais en la bonté des gens, quand la musique de la jeunesse chantait ses doux chants au fond de mon cœur, — cette croyance-là qui est morte. Et toi, qui va et vient, comme une étourdie, qui es-tu si ce n’est la trame de mon rêve le plus cher, et qui est mort ? Vous toutes, ô feuilles, vous toutes, je puis dire comment on vous appelle, car je vous ai mises au monde, et j’ai versé des larmes sur chacune de vous au jour et à l’heure où vous disparaissiez. Vous êtes les trames de mes rêves brisés, les cadavres de mes amours morts, la poussière des chemins qu’a suivi mon cœur ; jamais je n’ai cessé de vous aimer. Dormez en paix… »

Et les feuilles alors de se mettre à me parler, et de dire :