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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/136

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APPARITIONS

jours dans les hypocondriaques, qui ſe perſuadent qu’ils ſont Rois, Généraux d’armée, Papes, Cardinaux ; qu’ils ſont de neige, de verre, d’argile, &c. comme celui qui étant ſeul au Théatre, y croyoit voir des Acteurs & des repréſentations admirables[1] ; ou celui qui s’imaginoit que tous les vaiſſeaux qui arrivoient au port de Pyrée[2] près d’Athenes lui appartenoient ; ou enfin ce que nous voyons tous les jours en ſonge, & qui nous paroît très-certain pendant le ſommeil. Dans tout cela il eſt inutile de recourir au Démon, ni à la Magie, ni à la faſcination, ni aux preſtiges ; rien de tout cela n’eſt au-deſſus de l’ordre naturel.

Mais que par le moyen de certains breuvages, de certaines herbes, de certaines nourritures, une perſonne renverſe l’imagination, & perſuade à un autre qu’il eſt loup, qu’il eſt cheval, qu’il eſt âne ; cela paroît plus difficile à expliquer, quoique l’on ſçache que les plantes, les herbes, les médicamens ont un grand pouvoir ſur le corps de l’homme, & ſont capables d’altérer le cerveau, la conſtitution, l’imagination. On n’en a que trop d’exemples.

  1. Ariſtot. de mirabil. Horat. Epiſt. lib. 20.
  2. Athenæ. Dipnoſoph.