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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/156

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DISSERTATION SUR LES

qu’il ne puoit pas, ſi nous n’euſſions été préſens, tant ces pauvres gens étoient étourdis du coup & infatués du retour des morts. Pour nous qui nous étions placés auprès du cadavre pour faire nos obſervations plus exactement, nous faillîmes à crever de la grande puanteur qui en ſortoit. Quand on nous demanda ce que nous croyons de ce mort, nous répondîmes que nous le croyons très-bien mort ; mais comme nous voulions guérir, ou au moins ne pas aigrir leur imagination frappée, nous leur repréſentâmes qu’il n’étoit pas ſurprenant que le Boucher ſe fût apperçû de quelque chaleur en fouillant dans des entrailles qui ſe pourriſſoient ; qu’il n’étoit pas extraordinaire qu’il en fût ſorti quelques vapeurs, puiſqu’il en ſort d’un fumier que l’on remuë ; que pour ce prétendu ſang vermeil, il paroiſſoit encore ſur les mains du Boucher, que ce n’étoit qu’une bourbe fort puante.

Après tous ces raiſonnemens, on fut d’avis d’aller à la marine, & de brûler le cœur du mort, qui malgré cette exécution fut moins docile, & fit plus de bruit qu’auparavant. On l’accuſa de battre les gens la nuit, d’enfoncer les portes, & même les terraſſes, de briſer les fe-