Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
DISSERTATION SUR LES

bleſſe dans la riviére, & je tombai au fond. L’Abbé de Menil-Jean mon camarade plongea pour me reprendre, je ſaiſis ſon pied ; mais ſoit qu’il eût peur que ce ne fût un Saumon, par ce que je le ſerrois bien fort, ſoit qu’il voulût promptement remonter ſur l’eau, il ſecoua ſi rudement le jaret, qu’il me donna un grand coup ſur la poitrine, & me jetta au fond de la riviére, qui eſt là fort profonde.

Desfontaines me conta enſuite tout ce qui leur étoit arrivé dans la promenade, & de quoi ils s’étoient entretenus. J’avois beau lui faire des queſtions s’il étoit ſauvé, s’il étoit damné, s’il étoit en purgatoire, ſi j’étois en état de grace, & ſi je le ſuivrois de près, il continua ſon diſcours comme s’il ne m’avoit point entendu, & comme s’il n’eût point voulu m’entendre.

Je m’approchai pluſieurs fois pour l’embraſſer ; mais il me parut que je n’embraſſois rien : je ſentois pourtant bien qu’il me tenoit fortement par le bras, & que lorſque je tâchois de détourner ma tête pour ne le plus voir, parce que je ne le voyois qu’en m’affligeant, il me ſecouoit le bras, comme pour m’obliger à le regarder & à l’écouter.

Il me parut toujours plus grand que je ne l’avois vû, & plus grand même