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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/207

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REVENANS EN CORPS.

vers le pied de l’échelle, qui me faiſoit ſigne de venir à lui, je me reculai ſur mon ſiége comme pour lui faire place, & ceux qui me voyoient & que je ne voyois point, quoique j’euſſe les yeux ouverts, remarquerent ce mouvement.

Comme il ne venoit point, je me levai pour aller à lui : il s’avança vers moi, me prit le bras gauche de ſon bras droit, & me conduiſit à trente pas de-là dans une rue écartée, me tenant ainſi accroché. Les domeſtiques croyant que mon étourdiſſement étoit paſſé, & que j’allois à quelques néceſſités, s’en allerent chacun à leur beſogne, excepté un petit laquais qui vint dire à M. de Sortoville que je parlois tout ſeul. M. de Sortoville crut que j’étois ivre ; il s’approcha, & m’entendit faire quelques queſtions & quelques réponſes qu’il m’a dit depuis.

Je fus là près de trois quarts d’heure à cauſer avec Desfontaines. Je vous ai promis, me dit-il, que ſi je mourois avant vous, je viendrois vous le dire. Je me noyai avant-hier à la riviére de Caen, à peu près à cette heure ci : j’étois à la promenade avec tels & tels, il faiſoit grand chaud, il nous prit envie de nous baigner, il me vint une foi-