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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/211

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REVENANS EN CORPS.

mais pour moins de tems, & me preſſa toujours de parler à ſon frere, & me quitta en me diſant toujours juſques, juſques, & ſans vouloir répondre à mes queſtions.

C’eſt une choſe remarquable, que j’eus toujours une douleur à l’endroit du bras qu’il m’avoit ſaiſi la premiére fois, juſqu’à ce que j’euſſe parlé à ſon frere ; je fus trois jours que je ne dormois pas de l’étonnement où j’étois. Au ſortir de la premiére converſation, je dis à M. de Varouville mon voiſin & mon camarade d’école, que Desfontaines avoit été noyé, qu’il venoit lui-même de m’apparoître & de me le dire : il s’en alla toujours courant chez les parens pour ſçavoir ſi cela étoit vrai ; on en venoit de recevoir la nouvelle, mais par un mal entendu il comprit que c’étoit l’aîné. Il m’aſſura qu’il avoit lû la lettre de Desfontaines, & il le croyoit ainſi ; je lui ſoutins toujours que cela ne pouvoit pas être, & que Desfontaines lui-même m’étoit apparu : il retourna, revint, & me dit en pleurant, cela n’eſt que trop vrai.

Il ne m’eſt rien arrivé depuis, & voilà mon avanture au naturel : on l’a contée diverſement ; mais je ne l’ai contée que comme je viens de vous le dire. Le feu