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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/250

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DISSERTATION SUR LES

de Calame nommé Prétextat, qui au ſon de la voix de quelques perſonnes qui ſe lamentoient, s’extaſoit de telle ſorte, qu’il ne reſpiroit plus, & ne ſentoit plus rien, & qu’on lui auroit brûlé & coupé les chairs, ſans qu’il s’en fût apperçu ; ſon ame étoit abſente, ou tellement occupée de ces lamentations, que la douleur ne lui étoit plus ſenſible. Dans la pamoiſon, dans la ſyncope, l’ame ne fait plus ſes fonctions ordinaires : elle eſt cependant dans le corps, & continue de l’animer ; mais elle ne s’apperçoit pas de ſa propre action.

Un Curé du Diocèſe de Conſtance, nommé Bayer, m’écrit qu’en 1728. ayant été pourvû de la Cure de Rutheim, il fut inquiété un mois après par un ſpectre, ou un mauvais Génie ſous la forme d’un payſan mal-fait, mal vêtu, de mauvaiſe mine, d’une puanteur inſupportable, qui vint frapper à ſa porte d’une maniere inſolente, & étant entré dans ſon poële, lui dit qu’il étoit envoyé de la part d’un Officier du Prince de Conſtance ſon Evêque, pour certaine commiſſion qui ſe trouva abſolument fauſſe. Il demanda enſuite à manger. On lui ſervit de la viande, du pain & du vin. Il prit la viande à deux mains & la dévora avec les os, diſant :