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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/251

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REVENANS EN CORPS.

voyez comme je mange la chair & les os. Faites-en de même. Puis il prit le vaſe où étoit le vin, & l’avala tout d’un trait ; puis il en demanda d’autre, qu’il but de même. Après cela il ſe retira ſans dire adieu au Curé ; & la ſervante qui le conduiſoit à la porte, lui ayant demandé ſon nom, il répondit : Je ſuis né à Rutſingue, & mon nom eſt George Raulin, ce qui étoit faux. En deſcendant l’eſcalier, il dit en menaçant le Curé en Allemand : Je te ferai voir qui je ſuis.

Il paſſa tout le reſte du jour dans le village, ſe faiſant voir à tout le monde. Vers minuit il revint à la porte du Curé, criant trois fois d’une voix terrible : Monſieur Bayer ; & ajoûtant : je vous apprendrai qui je ſuis. En effet pendant trois ans il revint tous les jours vers quatre heures après midi, & pendant toutes les nuits juſqu’au point du jour.

Il paroiſſoit ſous diverſes formes, tantôt ſous la figure d’un chien barbet, tantôt ſous celle d’un lion, ou d’un autre animal terrible ; tantôt ſous la forme d’un homme, tantôt ſous celle d’une femme ou d’une fille pendant que le Curé étoit à table ou au lit, le ſollicitant à l’impudicité. Quelquefois il faiſoit dans toute la maiſon un fracas, comme d’un Tonne-