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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/77

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REVENANS EN CORPS.

ne l’a pas été apparemment dans la ſuite, puiſqu’on ne la quitta pas ſans doute pendant les autres nuits, & que ſi le Vampire l’eût voulu moleſter, ſes plaintes en euſſent averti les aſſiſtans. Elle meurt pourtant trois jours après. Sa frayeur & ſon abattement, ſa triſteſſe & ſa langueur marquent évidemment combien ſon imagination étoit frappée.

Ceux qui ſe ſont trouvés dans les villes affligées de la peſte, ſavent par expérience à combien de gens la crainte coûte la vie. Dès qu’un homme ſe ſent attaqué du moindre mal, il ſe figure qu’il eſt atteint de la maladie épidémique, & il ſe ſait en lui un ſi grand mouvement, qu’il eſt preſque impoſſible qu’il réſiſte à cette révolution. Le Chevalier de Maiſin m’a aſſûré, lorſque j’étois à Paris, que ſe trouvant à Marſeille pendant la contagion qui régnoit dans cette Ville, il avoit vû mourir une femme de la peur qu’elle eut d’une maladie aſſez légére de ſa ſervante, qu’elle croyoit atteinte de la peſte ; la fille de cette femme ſut malade à la mort.

D’autres perſonnes qui étoient dans la même maiſon, ſe mirent au lit, envoyerent chercher un Médecin, & aſſuroient qu’elles avoient la peſte. Le Mé-