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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/91

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REVENANS EN CORPS.

curieux. J’ai oui en ma vie raconter une infinité d’Hiſtoires, ou prétenduës telles, ſur les Eſprits & Sortileges ; mais de mille à peine ai-je ajoûté foi à une ſeule : on ne peut être trop circonſpect ſur cet article ſans courir riſque d’en être la dupe. Cependant il y a certains faits ſi avérés, qu’on ne peut ſe diſpenſer de les croire. Quant aux Revenans de Hongrie, voici comme la choſe s’y paſſe. Une perſonne ſe trouve attaquée de langueur, perd l’appétit, maigrit à vûe d’œil, & au bout de huit ou dix jours, quelquefois quinze, meurt ſans fiévre ni aucun autre ſymptôme, que la maigreur & le deſſéchement.

On dit en ce pays-là que c’eſt un Revenant qui s’attache à elle & lui ſuce le ſang. De ceux qui ſont attaqués de cette maladie, la plûpart croyent voir un Spectre blanc, qui les ſuit par tout comme l’ombre fait le corps. Lorſque nous étions en quartier chez les Valaques dans le Bannat de Temeſwar, deux Cavaliers de la Compagnie dont j’étois Cornette, moururent de cette maladie, & pluſieurs autres qui en étoient encore attaqués, en ſeroient morts de même, ſi un Caporal de notre Compagnie n’avoit fait ceſſer la maladie, en exécutant le remede que les