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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/92

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DISSERTATION SUR LES

gens du pays emploient pour cela. Il eſt des plus particuliers, & quoiqu’infaillible, je ne l’ai jamais lû dans aucun rituel. Le voici.

On choſit un jeune garçon qui eſt d’âge à n’avoir jamais fait œuvre de ſon corps, c’eſt-à-dire, qu’on croit vierge. On le fait monter à poil ſur un cheval entier qui n’a jamais ſailli, & abſolument noir ; on le fait promener dans le cimetiere, & paſſer ſur toutes les foſſes : celle où l’animal refuſe de paſſer malgré force coups de corvache qu’on lui délivre, eſt réputée remplie d’un Vampire ; on ouvre cette foſſe, & l’on y trouve un cadavre auſſi gras & auſſi beau, que ſi c’étoit un homme heureuſement & tranquillement endormi : on coupe le col à ce cadavre d’un coup de bêche, dont il ſort un ſang des plus beaux & de plus vermeils, & en quantité. On jureroit que c’eſt un homme des plus ſains, & des plus vivans qu’on égorge. Cela fait, on comble la foſſe, & on peut compter que la maladie ceſſe, & que tous ceux qui en étoient attaqués, recouvrent leurs forces petit à petit, comme gens qui échapent d’une longue maladie, & qui ont été exténués de longue-main. C’eſt ce qui arriva à nos Cavaliers qui en étoient attaqués. J’étois pour lors