Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/251

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musicale, au triomphe artistique de Wagner, triomphe que l’œuvre épique et mystique, aux accents sibyllins, ne devait pas manquer d’affirmer.

L’explication restait confuse ; elle se dégageait mal de la littéralité des mots et ne s’accordait pas absolument avec l’ensemble du sonnet, ce qui, je l’ai dit, est à l’égard d’un poème de Mallarmé la marque d’une fausse interprétation. Sur des objections qui lui furent présentées, Psichari répéta point par point sa version sans en atténuer l’obscurcissement. C’est alors qu’intervint le plus puissant contradicteur du salon, Marras. Il se trouvait le seul présent des trois scoliastes qui se partageaient alors le difficile honneur de comprendre et de commenter les poèmes mallarméens. Lorsqu’un de ces poèmes paraissait, Catulle Mendès, Villiers de l’Isle-Adam et ce même Marras mettaient en commun l’apport de leurs trois intelligences et pour « absconse » que fût l’œuvre, ils la rendaient lucide et ne la jugeaient pas négligeable, loin de là. Psichari ne connaissait pas à Marras ces dons de glose ; il le voyait d’ailleurs pour la première fois et pouvait, en ne regardant pas de trop près à la mine, le prendre pour un de ces béotiens qui ne savent pas soutenir leur interruption ; d’autre part il avait assez peiné sur son investigation et se croyait assuré des conclusions. Il prévint donc complaisamment l’interrupteur. « C’est cependant très simple ; je ne me trompe pas. » Mais Marras avait déjà répliqué : « Pardon, et la preuve que vous vous êtes trompé c’est que votre explication n’est ni logiquement, ni textuellement irréfutable, et, lorsqu’à travers l’indéchiffrable lacis des mots, on a pu découvrir la véritable signification d’un poème de Mallarmé, celle-ci s’impose tellement par la clarté, par la vraisemblance, que toute hésitation et toute discussion deviennent impossibles. » Et, reprenant les vers l’un après l’autre, il en vint à ceux que j’ai donnés en exemple. Irradiant un Sacre, loin d’être une abstraite subtilité, l’évoca-