Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/252

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tion symbolique du triomphe de Wagner, implique l’idée la plus concrète et la plus réelle ; ces trois mots expriment tout uniment que Wagner s’est trouvé dans le rayonnement du nouvel empire allemand et que son génie éclaire, illumine les débuts de cette victorieuse hégémonie, consacrée par le traité de Francfort qui coûta tant de larmes à la France ; c’est à ce dernier trait, tout matériel, que se rapporte le dernier vers :


Mal tu par l’encre même en sanglots sibyllins.


Mal tu, dans le langage de Mallarmé, équivaut à sanctionné, ratifié, extrêmement affirmé ; par l’encre même, c’est-à-dire par le texte et par les signatures du douloureux traité qui se traduisit pour nous en sanglots sibyllins, en sanglots répondant à notre destinée.

Leconte de Lisle s’était pris d’intérêt à la discussion, il écoutait amusé ; mais, pour qu’il consentit à se laisser distraire par ces jeux de casse-tête chinois, il lui fallait une explication très nette, telle qu’en pouvaient fournir quelques adeptes. Tout auteur a des habitudes qu’il pratique malgré lui ; ceux qui i’étudient connaissent ces habitudes et par elles retrouvent la clef de son procédé. J’ai cité Marras, Catulle Mendès, Villiers de l’Isle-Adam ; après eux Verlaine, Jules Lemaître, Wyzeva, Roujon réussirent à forcer le secret de ces énigmes, malgré les cailloux que Mallarmé se plaisait, ainsi qu’on l’a dit, « à glisser dans la serrure ».

Le modèle de déchiffrement que nous devons à Jules Lemaître peut indiquer à ceux que tenterait l’aventure par quel chemin on parvient à tirer de leur néant ces apparentes absurdités. Il faut refaire en sens inverse la route parcourue par l’évolution cérébrale de l’auteur, c’est-à-dire ramener, de la quatrième ou cinquième dilution, l’expression obscure à la simplicité de la pensée première presque invariablement