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VIE DE MÉLANIE

fication de ce que je lui disais, tout comme les perroquets qui répètent sans savoir ce qu’ils disent. Quelquefois Maurice versait des larmes. J’en étais humainement affligée, parce que je pensais que c’était peut-être moi, par mes paroles, qui étais cause de sa peine ; mais un jour il me dit qu’il voulait se réformer, changer de vie, et qu’il épouserait la fille de ma maîtresse, etc., et il fit comme il avait dit.

Dès que les animaux purent trouver du pâturage, je les conduisis dans les champs ou sur la montagne, heureuse de me trouver seule, loin des yeux des créatures raisonnables ; mais, quelquefois, particulièrement quand la neige couvrait encore les cimes des montagnes, les loups, les renards, les lièvres cherchaient à manger. Alors je leur distribuais mon pain et ces bêtes étaient contentes, puis je leur parlais du bon Dieu

Mon très Révérend et très cher Père, il m’est difficile de me rappeler ce que je disais à ces bêtes. Je sais qu’elles m’ont fait honte plusieurs fois par leur obéissance à moi, ver de terre, de qui elles n’attendaient rien. Je racontais à ces animaux leur création par la parole toute-puissante de notre Dieu éternel, comme me l’avait