Page:Cambry - Description du département de l’Oise - Tome 1.djvu/170

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souliers, à les raccommoder, à les revendre de 10 à 24 sous, procurer une vie douce, abondante et tranquille à des êtres jetés loin des villes sur un terrain ingrat et solitaire ? Pendant que les hommes s’occupent à recoudre, à placer, à rabiller de vieux morceaux de cuir, les femmes sont chargées d’aller vendre le résultat de ce travail ; les filles et les veuves du village font des blondes pour les manufacturiers de Chantilly.

Outre les vieux cuirs du voisinage qu’ils réunissent, les habitants de Lormaison s’en procurent une très grande quantité par un mouvement de commerce peu connu. Les hommes de S.-Sanlieu et des communes voisines, département de la Somme, viennent charger à crédit leurs voitures de poteries à Savignies, près Beauvais ; ils les échangent, en parcourant la France, contre de vieux souliers, des cuirs, de vieilles bottes : à leur retour ils passent à Lormaison, et réalisent en argent le prix de leur spéculation.

Il se fabrique pendant l’hiver plus de douze mille paires de galoches, et deux ou trois mille dans l’été : on emploie une partie de la belle saison aux soins de la culture et des moissons. On devine avec quelle économie doivent se faire les achats et la vente de tout ce qui tient à cette fameuse manufacture : un mauvais cheval, un âne exténués portent au marché ces savates, ces galoches ; une pauvre femme les accompagne, un morceau