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place au jour de l’exécution ; ils manquent rarement à l’appel, et il se trouve quelquefois à ces farces plus de quatre-vingts cavaliers. Dans la matinée les officiers de la justice des fous ne manquent pas de prendre chez les cabaretiers un à-compte sur le produit de la fête, et, par suite de la licence du jour, ils enlevent chez les cultivateurs des environs, des jambons et des morceaux de lard, qu’ils se contentent de payer en monnoie de carotte. Sur les onze heures les condamnés, représentés par des mannequins de paille, sont traînés dans un tombereau sur la place, après avoir parcouru toutes les rues ; ils sont affublés de façon à faire reconnoître les personnages : l’homme porte d’une maniere très saillante les attributs de Priape ; la posture de la femme n’est guere moins obscene : on les brûle enfin. Toutes les femmes du pays s’empressent d’assister à cette scene révoltante, et croient donner une preuve d’autant plus convaincante de leur fidélité qu’elles déchirent plus inhumainement leur infortunée compagne.

Quand le mari n’a pas le talent de se faire aimer de la justice en la régalant amplement, on le met de la partie ; son mannequin, bien encorné, est placé sur la charrette fatale ; tantôt on le représente dans l’attitude de la fureur avec un bâton ou des verges à la main, quelquefois avec un mouchoir dont il s’essuie les yeux. Cette farce grossiere s’est