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338 DESCRIPTION

gner les coupables : et que peut la surveillance d’un seul officier forestier sur une étendue de trente mille arpents de bois ? Les habitants ne peuvent chasser de leur mémoire le droit qu’ils avoient autrefois de prendre chaque année, dans les lieux que la maîtrise leur désignoit, le bois nécessaire à la construction de leurs maisons, et celui dont ils avoient besoin pour leur chauffage ; ce droit supprimé vers le milieu du dernier siecle, sans dédommagement, laisse germer chez tous les habitants, privés d’aussi grands avantages, une idée de propriété, qu’il n’est pas aisé de détruire ; C’est, disent-ils, à l’appas de ces privileges que nos peres ont quitté leurs habitations pour venir loin des hommes s’établir dans une forêt : ils nous ont transmis tous leurs droits ; nous les exerçons en cachette, puisqu’on les a supprimés sans justice. Tï’est-il pas singulier qu’à l’époque présente on paie à Compiegne la corde de bois aussi cher qu’à Paris ? la difficulté pour les pauvres particuliers de payer 60 liv. une corde de bois est une des causes des dégâts et du pillage que la forêt éprouve. Les marchands de bois enlevent pour Paris et pour les pays riverains de l’Oise la totalité de leurs acquisitions : cette position n’a-t-elle pas quelques rapports avec celle des malheureux habitants de la Bretagne, du Poitou, et des rives de l’océan, forcés d’acheter de la ferme à i5 à 16 sous la livre de sel, que la nature déposoit naturellement dans