DU DEPARTEM. DE L’©ISE. 189 Iféglise de Saint—Lucien , dont on voit encore les ruines immenses et si pittoresques, à près d’un quart de lieue de Beauvais, sur une mon- tagne couverte de vignobles, est un des monu- ments les plus curieux de Yarrondissement de cette commune. Détruit depuis la révolution , on ne peut examiner les morceaux précieux qu’il renfermoit; ses stales si célebres, qui fournirent à Calot tous les caprices , toutes les bizarreries qu’il consigne dans la tentation de saint Antoine, et dans ses autres dessins, sont heureusement conservées. Les rois , les reines de la premiere race (1), sculptés, placés au haut de l’église, où une ceinture de fer les retenoient, ont été ren- versés, brisés, tellement détruits, qu’on ne peut en connoître la forme et le costume que par un dessin que je ferai graver; ils ont pour piédestaux des especes d’hommes hideux, à genoux, courbes: c’est un riche monument du peu d’estime que les Francs faisoient de leurs esclaves. (2) (1) Childebert I, Clotaire I, Chilpéric, et les trois autres leurs femmes; une d’elles est Frédégonde. (2) Ces très vieilles statues, détruites , rongées par le temps, avcient été enlevées, de peur qu’elles ne tcmbassent sur les assistants aux offices, avant la révolution, on pré- sume, avec une presque certitude , qu’elles appartenoient ét la premiere église fondée par Chilpéric; qu’elles furent placées dans la seconde élevée dans le dixieme siecle. La derniere église, dont les ruines existent encore, est du onzieme siécle.
