Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

débats, que le bruit de la venue de Mirammbo se répandit dans le village. Celui qui apportait l’information était, disait-il, le seul survivant des habitants d’un gros bourg, situé à cinq milles d’Ougaga.

La conférence naturellement fut rompue, et l’on se prépara à recevoir l’ennemi. Sorti de l’enceinte, je vis des colonnes de fumée s’élever à l’est et au sud-est ; puis de nouveaux fugitifs accoururent, disant que les bandes de Mirammbo incendiaient et pillaient dans toutes les directions.

Je retrouvai Ougaga en état de défense, et dis au moutoualé que, puisque nous étions ses hôtes, il pouvait compter sur nous pour l’aider à repousser l’agresseur. IL me répondit, avec un sourire, que Mirammbo avait attaqué le village quatre ans auparavant, qu’il avait été battu, qu’il avait perdu beaucoup d’hommes, entre autres son fils et son frère, et que probablement il ne recommencerait pas.

Le moutoualé avait raison ; Mirammbo s’éloigna pendant la nuit, après avoir brûlé et pillé sept villages.

Le calme étant rétabli, nous revînmes à la question épineuse du passage de la rivière ; épineuse en effet, car un point n’était pas plus tôt réglé qu’une autre demande était mise en avant. Je payais le maître du bac, je payais les canots, je payais les passeurs ; et il me fallait, sous forme de présent, repayer le moutoualé, payer le ministre, payer le mouari ou premier batelier, payer la femme du moutoualé, celle du ministre, celle du mouari ; puis les parents du chef, puis les gens qui avaient assisté à la discussion de l’affaire, puis enfin acheter la corde.

Je n’ai jamais pu savoir à quel moment on avait eu besoin de cette corde, et à quoi elle avait pu servir. Dans tous les cas, elle avait été spécialement désignée à Itammbara, où je l’avais payée une première fois, et je refusai positivement de la payer de nouveau, ainsi que les épouses et les parents du chef et de ses fonctionnaires.

La discussion recommença. « Si nous continuons de la sorte, m’écriai-je exaspéré, nous resterons ici jusqu’à la fin du monde ; » et je quittai la séance.

Rappelés à eux-mêmes par mon brusque départ, le moutoualé et son ministre vinrent n’offrir un arrangement de beaucoup inférieur à celui que j’avais déjà consenti, me promettant des canots pour le lendemain.