CHAPITRE XIV
Il ne me fut pas possible de rester dans la maison que m’avaient prêtée les Arabes ; elle tombait en ruine, et le seul endroit où je pusse dresser mon lit était la véranda, qui, ouvrant sur la place du marché, m’exposait aux regards de la foule. J’en louai donc une autre que je payai deux dotis par mois. Bien qu’elle fût moins grande que celle que j’avais dans l’Ounyanyemmbé, j’y étais plus commodément ; et avec une table, posée sous la véranda, on y travaillait à l’aise.
Je profitai de mon déménagement pour inspecter mes ballots : trente-deux frasilahs de verroterie m’avaient été volées — la frasilah est de trente-cinq livres. Une seule charge était restée intacte, celle d’un nommé Soliman, un très honnête homme. Je congédiai tous ceux qui avaient entre les mains le corps du délit ; mais je suis persuadé que ceux-là étaient seulement plus malheureux que les autres, et que, dans toute la bande, il n’y en avait pas une demi-douzaine qui ne m’eussent rien enlevé.
À peine avais-je fait cette exécution, que Bombay, avec sa négligence habituelle, ayant laissé la porte ouverte, je vis un homme sortir du magasin ; cet homme avait plusieurs rangs de mes perles les plus précieuses et trois brasses d’étoffe de couleur mal cachés sous sa jupette. Je le fis immédiatement saisir et fouetter, ainsi que je l’avais promis à quiconque serait pris