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Beaucoup de jungles furent ensuite traversées : des fourrés inextricables, enlacés principalement de lianes à caoutchouc de la grosseur de la cuisse, et gorgées de sève. On récolterait là assez de caoutchouc pour répondre à toutes les exigences du monde civilisé.

Chaque village avait des cases à fétiche où étaient de petites idoles protectrices de la bourgade. D’autres idoles, moins soignées, étaient placées dans les champs où elles veillaient sur les récoltes. Ces images reçoivent des offrandes de bière et de grain, offrandes souvent renouvelées ; à l’époque de la moisson ou des semailles, on leur sacrifie une chèvre ou une poule.


Idoles.

La dernière des étapes qui nous conduisirent au village de Pakouanaïhoua fut la plus pénible que nous eussions encore faite : toujours par monts et par vaux, sous un soleil tombant à plomb d’un ciel sans nuage. La chaleur du sol était si grande qu’elle me brûlait les pieds à travers des semelles épaisses, des bas et des chaussettes. Respirer, c’était ouvrir ses poumons au souffle embrasé d’une fournaise.

Je gagnai le village, mourant de chaleur et de soif, et l’agonie s’augmenta de la curiosité des habitants, qui se pressèrent autour de moi pour me contempler. L’eau semblait hors d’atteinte. À la fin, cependant, un vieillard charitable fendit la foule et me présenta une grande calebasse remplie du précieux liquide ; si jamais un homme a été béni par moi, c’est bien celui-là.