Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous avions espéré nous rendre à Zanzibar sur le Briton, vaisseau de la marine anglaise ; cet espoir fut déçu : le Briton avait mis à la voile, et nous fûmes obligés d’attendre le départ du Ponjâb, paquebot de la malle, commandé par le capitaine Hansard.

Le colonel Lewis Pelly, agent politique à Mascate, se trouvait parmi nos compagnons de bord, ainsi qu’un gentleman appelé Kasi Shah Bâdine, envoyé par Sa Hautesse, le rao du Coutch, pour accompagner sir Bartle Frere et user de son influence sur les sujets du rao, en faveur de l’objet de la mission.

Arrivé à Zanzibar, je fus tout d’abord cloué par la fièvre qui m’avait pris un jour ou deux avant d’atterrir. La maison du consul étant pleine des débarqués de l’Enchantress, nous allâmes, Dillon et moi, nous héberger dans la prison anglaise, bâtiment neuf jusqu’alors inhabité. Il y avait là toute la place voulue pour nos bagages ; et après y avoir mis des couchettes et des sièges du pays, nous fûmes logés d’une façon commode. Toutefois, les lieutenants Fellowes et Stringer, d’anciens camarades de table[1], vinrent me prendre et me conduisirent sur le Briton, où je restai jusqu’à ce que ma fièvre eût disparu.

Quand je fus assez bien pour me rendre à terre, j’allai retrouver Dillon, qui avait déjà fait une partie de nos approvisionnements. Aussitôt, nous nous mîmes à chercher des ânes, à recruter des hommes, et à nous assurer les services de Bombay, l’ancien chef des fidèles de Speke[2]. Nous pensions alors que son expérience le rendait pour nous d’une grande valeur ; mais, si utile qu’il eût pu être jadis, il n’avait ni la décision, ni les connaissances nécessaires pour nous diriger dans nos préparatifs. L’énergie, d’ailleurs, dont il avait fait preuve au service de ses anciens maîtres avait beaucoup baissé, et il inclinait à vivre sur son ancienne réputation ; mais, à cette époque, la haute opinion que nous nous étions faite de lui nous cachait ses défauts.

La coïncidence de notre arrivée à Zanzibar avec celle de sir Bartle Frere persuada aux Arabes et aux gens de la côte, Vouasouahili et Vouamrima, que nous faisions partie de la mission anglaise ; ce qui nous occasionna beaucoup d’ennuis, beaucoup

  1. Messmates, littéralement : compagnons de gamelle. (Note du traducteur.)
  2. Voyez pour plus de détails sur Bombay, Sources du Nil, journal du capitaine Speke, Paris, Hachette, 1864, p. 242, et Stanley, Comment j’ai retrouvé Livingstone, Paris, Hachette, 1874, p. 32. (Note du traducteur.)