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de chaque côté de la porte, servaient de logis aux gardiens de la plantation. Les bosquets étaient en outre protégés contre les éléphants et les autres bêtes sauvages par des trappes sans nombre, creusées autour de la clôture. Ces pièges, soigneusement dissimulés, obligent le passant à ne marcher qu’avec la plus grande précaution.

Le soir même, je m’arrangeai avec des naturels pour qu’une partie de mes gens et de mes bagages fût transportée par eau à Nyanngoué, pendant que le reste de la bande suivrait la route de terre.

Mouinyi Bokhari, notre pauvre mangeur d’herbe, mourut dans la nuit et fut enterré immédiatement à la lueur des feux.

Dès le matin, je me rendis à la rivière : pas une pirogue n’était en vue. Peu de temps après, les pêcheurs allèrent d’île en île relever leurs filets et poser des nasses ; aucun d’eux ne vint à nous. Ce ne fut que vers dix heures qu’à force de héler, de crier, de faire des signes, nous persuadâmes à quelques hommes d’approcher. Enfin de longs discours les décidèrent à nous amener trois canots. J’en payai tout de suite la location ; l’instant d’après nous étions partis.

La vitesse du courant et la beauté de la rive rendirent la descente aussi agréable que rapide. Sur la gauche, le rivage s’élevait graduellement jusqu’à une rangée de collines boisées, situées à une distance de dix à douze milles, tandis qu’à droite il se dressait en petites falaises couronnées de bois aux branches pendantes, et rompues ça et là par l’embouchure de l’un des nombreux tributaires du fleuve. Nous passions continuellement devant des îles populeuses et boisées.

De grandes troupes de canards cherchaient pâture sur les nombreux bancs de sable que nous croisions ; je tuai une demi-douzaine de ces oiseaux, qui, à part la couleur, étaient semblables au canard sauvage d’Angleterre. Ils avaient le corps blanc, tacheté de brun ; les ailes, la tête et la queue noires, lavées de bleu verdâtre.

Dans l’après-midi, nos canotiers abordèrent à un village de pêcheurs, bâti sur la rive droite, et déclarèrent leur intention d’y faire halte. Je leur dis qu’ils pouvaient s’arrêter si bon leur semblait, mais que je gardais les canots et me rendais à Nyanngoué. Je savais parfaitement que si nous campions en route, je n’aurais plus le lendemain matin ni bateaux ni bateliers. Me